29 Mai 2014
L'enfance nous quitte un jour sur la pointe des pieds, en fermant doucement la porte en évitant bien de la faire grincer ou claquer.
Comme le dit l'auteur Québécois Jacques Poulin : "quand vous voyagez à l'intérieur de vous-mêmes, les courants vous entraînent fatalement vers votre enfance et vous risquez fort de retrouver des souvenirs qui vous feront perdre le chemin du retour".
Des souvenirs...Il suffit parfois de fermer les yeux pour se revoir. Certains moments sont doux, d'autres épineux.
Comme pour Anna Gavalda qui écrit: "Mon enfance est un poison que j'ai dans le sang et il n'y a que quand je serai morte que je n'en souffrirai plus"
Ce matin, un souvenir très fort est venu à moi à travers un parfum. Celui du chocolat, plus précisément du Cacolac. Je vois maman que tu as souri car ce souvenir nous le partageons d'une certaine façon. C'est en servant un bol de Candy Up au chocolat à Fanny que j'ai instinctivement fermé les yeux.
J'ai dix ans...peut-être moins...ou plus. Je ne m'en souviens plus et je ne sais pas vraiment combien de temps ce rituel à durer et la raison pour laquelle il s'est arrêté. Peut -être parce qu'un jour le présent devient le passé et le futur notre présent...
Quand je passais mes vacances chez mes grands-parents maternels, le matin ma grand-mère me réveillait vers 8h45. Je me lavais (ça c'est l'adulte qui parle, en fait franchement je ne sais pas, à cet âge-là c'est plutôt toilette du chat!) et m'habillais à la hâte.
Je montais en voiture et nous partions toutes les deux. Nous nous rendions sur son lieu de travail. Je dois vous dire que ma grand-mère est une trés jeune grand-mère : elle avait 41 ans quand son regard a croisé pour la première fois le mien.
Elle tenait un café avec sa soeur. "Le Café des Gournets"! J'adorais cet endroit. Parfois, je rêvais que je le racheterais un jour et y ouvrirais un restaurant (et oui, déjà avec des idées de cuisine et de partage...c'est héréditaire que voulez-vous! On ne peut pas lutter contre ses gênes). J'entrais donc dans le café et au fond sur le poêle à bois, troné une vieille casserole toute cabossée dans laquelle MON cacolas chauffait.
Sur la table, dans l'arrière salle, mon petit-déjeuner était en place. Bol en faience, parfois ébréché, parfois non et chocolatine tellement croustillante parce qu'encore tiède. Vous savez de ces chocolatines comme on n'en trouve plus et qui met des miettes partout qu'on ramasse avec l'index après l'avoir humidifié...
J'aime son souvenir...j'aime penser aussi que ma grande-tante et ma grand-mère aimaient me préparer ce petit déjeuner.
Aujourd'hui, c'est mon tour. J'ai amené à ma Fanny son bol chaud de chocolat. Bon, ce n'est pas du cacolac, il n'a pas chauffé sur un vieux poêle et dans une casserole en fer mais je pense qu'elle aura en elle ce doux souvenir une fois adulte...